Les secrets de la glisse absolue

Les secrets de la glisse absolue

Le projet Zephir allie la recherche de la haute performance à l’éco-responsabilité : battre les records de vitesse en planche à voile tout en laissant une faible empreinte carbone. Grâce à l’innovation scientifique, il vise à contribuer aux énergies renouvelables et à la préservation de l’environnement.

Le projet Zephir est composé d’une équipe remarquable de près de 120 experts internationaux et de 70 entreprises issues du monde de l’ingénierie, de la voile de compétition, de la course automobile, de l’aéronautique et de l’espace, parmi tant d’autres. 

Imiter la nature

Les nombreux partenaires et sponsors du projet Zephir ont un objectif commun : percer les secrets de ce qu’ils appellent la « glisse absolue ». Comment ? En comprenant ce que fait la nature, en fusionnant et en combinant le meilleur des capacités et du savoir-faire humains avec l’efficacité des oiseaux et des poissons. Les progrès de l’informatique permettent aux scientifiques de modéliser les structures présentes dans la nature grâce au biomimétisme, ce qui les aide à comprendre des structures extrêmement complexes. « C’est époustouflant », déclare Marc Amerigo, président du projet Zephir.   

Si l’objectif du projet est d’utiliser la nature et les technologies de pointe pour atteindre des vitesses sans précédent, l’équipe entend le faire en influençant l’avenir de l’éco-mobilité. « En dévoilant les secrets de la glisse absolue à la voile, nous serons en mesure de « zéphiriser » tout ce qui glisse sur l’eau ou dans les airs », affirme Marc. « Nous apportons des solutions et créons des produits performants, accessibles, confortables et éco-responsables ».   

L’équipe Zephir

Le projet Zephir s’est développé en un écosystème impliquant des représentants de différents secteurs. « J’ai suivi une formation d’ingénieur à l’Ecole Centrale », explique Marc.  » Je suis spécialisé dans le domaine de la haute performance. Quand on creuse vraiment un domaine scientifique, on atteint vite les limites de la connaissance humaine. Pour aller plus loin, il faut construire des ponts ».  

Le cofondateur et partenaire étroit de Marc dans cette entreprise est le champion du monde de planche à voile Antoine Albeau. Antoine est le sportif le plus titré de l’histoire de France, avec 26 titres mondiaux. Il détient également le record du monde de vitesse en planche à voile avec 98,65 km/h.   

L’équipe du projet réunit des personnes qui savent ce qu’il faut faire pour réussir dans le sport : Martin Fisher, concepteur des voiliers vainqueurs de la Coupe de l’America ; Robert Stroj, concepteur en chef des voiles de planche à voile NeilPryde ; et Eric Barone, champion de sports extrêmes et détenteur du record du monde de descente en VTT, entre autres. Il fait également appel à des experts en ingénierie et en sciences des données, ainsi qu’à des leaders de la fabrication et de l’industrie. Le projet valorise également la participation des jeunes générations. Pierre Schmitz, protégé d’Antoine Albeau et promesse de la planche à voile, est membre de l’équipe principale et des étudiants de prestigieuses écoles y contribuent directement ou indirectement.   

Des records aujourd’hui, des bénéfices pour demain

Le projet Zephir est axé sur la conception d’équipements permettant d’obtenir des performances élevées tout en réduisant l’empreinte carbone. Il s’agit notamment d’ailes biomimétiques innovantes offrant un rendement énergétique supérieur, ainsi que des hydrofoils à faible consommation d’énergie. Cependant, les matériaux ne doivent pas seulement être efficaces, ils doivent également présenter une recyclabilité optimale. « Dans un marché où l’obsolescence technique est rapide », explique Marc, « nous devons savoir comment donner plusieurs vies aux matériaux que nous utilisons ». Cela implique, entre autres, la construction d’équipements performants réutilisant des matériaux auparavant considérés comme non recyclables.   

Un autre objectif important est de sensibiliser aux défis de demain – et de se préparer à les relever. « Les innovations que nous développons, explique Marc, sont naturellement transposables à tout ce qui glisse sur l’eau ou dans l’air, ou qui en tire de l’énergie – par exemple l’énergie éolienne, l’énergie marine, l’éco-mobilité. Le fruit de notre intelligence collective allié à la plus haute technologie ouvrira des applications infinies, dans le plus grand respect de notre planète. »   

Intégration de systèmes complexes

Le rôle d’ALTEN dans le projet implique des analyses et des calculs très pointus sur les structures aéro, hydro et physiques. Dans le cadre du développement des matériaux utilisés par les windsurfers – planches, foils et voiles – ALTEN oriente le choix des techniques de prototypage, comme l’utilisation de scanners 3D. Grâce à la simulation dynamique et à l’analyse comparative, les équipes ALTEN mesurent la déformabilité passive et active des structures et cartographient les faiblesses. Des calculs complexes de dynamique des fluides leur permettent de capter les vibrations à très haute fréquence et de calculer leurs effets sur les matériaux.  

En parallèle, ALTEN contribue à la dynamique de l’écosystème du Zephir Project en aidant à l’embarquement de partenaires industriels et de sponsors ciblés, et à l’obtention du soutien d’autres experts scientifiques. 

La preuve par les produits 

Les essais comprennent des tests en soufflerie à l’Institut Aérotechnique (IAT), un laboratoire de recherche public français spécialisé dans les études aérodynamiques. « L’IAT a une histoire exceptionnelle », explique Marc. « Il abrite la soufflerie S1 – l’une des premières de France – construite par Gustave Eiffel en 1914. » 

Outre la réduction de la traînée globale, l’objectif des essais en soufflerie est d’aider Antoine Albeau à ressentir une stabilité maximale en navigation. Cela lui permet d’augmenter la puissance qu’il transmet à sa planche et d’accroître sa vitesse. « C’était une expérience formidable », déclare Antoine avec enthousiasme à la fin des essais. « Grâce à une combinaison spéciale, mes sensations étaient nouvelles et exaltantes, comme si le courant d’air était beaucoup moins turbulent autour de moi ! » De la part d’un homme qui compte 26 titres mondiaux et qui a l’habitude de naviguer à des vitesses allant jusqu’à 98,65 km/h, cela en dit long. 

Pour aller plus loin