L’espace du futur
Benoît Bieri
est en cinquième année d’école d’ingénieur à l’ESTACA, une école spécialisée dans les transports située à Paris. Il s’intéresse au domaine de l’espace.Aéronautique
Charles Pelleray
a étudié à ELISA Aerospace, une école d’ingénieurs dédiée à l’espace et à la défense. Il a opté pour des études en ingénierie des systèmes de missiles et de l’espace.
Tous deux effectuent un stage de fin d’études chez ALTEN Labs. Ils travaillent avec deux autres collègues tout droit venus de l’ISAE-SUPAERO et de l’IPSA, des écoles spécialisées dans le domaine spatial, sur le projet « Satellite for Reactive Launches ».
Alors, pourquoi l’espace ?
BB : J’ai toujours été passionné par la science en général. Quand j’étais enfant, c’était la paléontologie, un domaine plus axé sur le passé. Aujourd’hui, c’est l’espace, un domaine tourné vers l’avenir.
CP : Je pense que ce n’est pas un secret : l’espace passionne un grand nombre de personnes. Pour ma part, j’ai commencé par la science-fiction dans mon enfance. J’aime l’idée de voir l’humanité grandir dans l’univers. Pour emprunter une belle citation de Tsiolkovsky : « La Terre est le berceau de l’humanité, mais l’humanité ne peut pas rester éternellement dans ce berceau. »
Comment décririez-vous le projet « Satellite for Reactive Launches » ?
CP : En général, entre la conception d’un projet et sa mise en service, il y a des années d’attente. Ici, notre objectif est de réussir en quelques semaines. Et c’est là tout le challenge : disposer d’un accès extrêmement rapide à l’espace pour les satellites d’observation de la Terre.
BB : Pour ce faire, nous devons concevoir l’ensemble de la mission : non seulement les satellites à proprement parler, les orbites qu’ils emprunteront et la constellation… mais aussi l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, les tests que nous effectuerons, le lanceur que nous utiliserons. Il s’agit d’un projet véritablement global, ce qui est assez rare. Traditionnellement, il est très fragmenté et chaque chercheur joue un rôle très spécifique. Ici, l’objectif est de bousculer l’ordre établi.
De combien de temps disposez-vous pour le faire ?
BB : Je suis déjà à la moitié de mon stage et le projet ne sera pas terminé quand je serai parti. L’objectif est de disposer d’un prototype, un petit modèle imprimé en 3D. Mais le projet dépasse largement le cadre de nos stages.
Quelle est la possibilité réelle que vos idées se concrétisent ?
CP : L’objectif de notre stage est d’explorer un grand nombre de concepts différents et d’essayer de classer les idées, de la meilleure à la moins mauvaise, de voir ce qui est le plus probable et ce qui est le moins faisable. Cette liberté d’explorer est vraiment très cool. Elle nous permet d’apprendre sur des sujets qui nous plaisent, d’approfondir beaucoup de choses, et c’est très enrichissant. Mais c’est aussi assez difficile. C’est à double tranchant.
BB : Vous voyez l’ensemble du projet spatial. C’est très enrichissant, car nous apprenons beaucoup de choses que nous n’avons pas nécessairement vues en classe. Nous ne voyons pas les implications réelles. C’est un environnement de test : vous pouvez faire ce que vous voulez. Le champ d’application est large et le cadre n’est pas classique. On nous pousse à révolutionner, à innover, mais cela peut parfois être un peu intimidant. Il est parfois difficile de ne pas laisser son imagination s’envoler, de revenir les pieds sur terre. Heureusement, nous avons des délais avec des partenaires qui imposent une sorte de cadre minimum.
Comment considérez-vous votre rôle ?
CP : Il y a eu un grand changement de pouvoir dans l’espace. Auparavant, les États étaient responsables de tout. Aujourd’hui, le secteur privé prend une part de plus en plus importante. Ce que nous faisons ne sera pas réalisé par l’État. Ce le sera soit par le biais de partenariats avec des entreprises qui fabriquent les systèmes, soit par le biais d’une start-up. Mais en fin de compte, ce sera par le biais du secteur privé.
BB : C’est le concept du nouvel espace. SpaceX a été la première grande entreprise privée à investir massivement dans l’espace et nous en voyons les résultats aujourd’hui. Cela ne fait qu’une dizaine d’années que le nouvel espace a été initié et aujourd’hui, il s’agit d’une dynamique mondiale.
Nous avons la responsabilité de construire les bases des futurs projets spatiaux via le Space Innovation Lab d’ALTEN Labs. Ainsi, au-delà du projet sur lequel nous travaillons, nous jetons les bases du développement de l’espace du futur.