Systèmes spatiaux réactifs
BENOIT BIERI / PILOTE INNOVATION – ALTEN
Benoit Bieri est Pilote au sein de la Direction de l’Innovation d’ALTEN. Il a rejoint ALTEN en tant que stagiaire et a ensuite évolué pour prendre la direction d’une équipe travaillant sur les deux projets issus de ses travaux de stage. Il présentera le fruit de ces recherches au prochain Congrès International d’Astronautique (IAC) 2024.
Comment de tels projets voient-ils le jour ?
Au cours de la phase d’idéation initiale, on se penche sur une problématique ou des verrous scientifiques. Cette fois-ci, il s’agissait du système spatial réactif. Pour vous donner une idée, il existe aujourd’hui des constellations de satellites dans l’espace et nous dépendons d’eux pour de nombreuses choses, de la communication aux enjeux de défense. On s’est demandé ce qu’il se passerait si nous perdions soudainement ces capacités, pour quelque raison que ce soit – attaque extérieure, piratage, perte de ressources, défaillance du système – et ce qu’il faudrait faire pour récupérer nos capacités spatiales. C’est au début de cette phase d’idéation que j’ai rejoint le projet en tant que stagiaire, avec cinq autres personnes. Nous avons travaillé en collaboration avec des experts sur ce sujet pour nous guider pendant le développement.
Comment avez-vous donné vie à ce projet ?
J’ai ensuite signé un contrat permanent en tant que responsable technique puis Pilote d’Innovation responsable des deux projets issus de cette expérience. Le premier, Système Spatial Réactif, a gardé le même nom que le concept initial. Il est basé sur la création d’un logiciel permettant de tracer l’ensemble de la chaîne de valeur d’une mission spatiale du début à la fin et de l’optimiser. Nous nous appuierons sur toute l’expertise d’ALTEN pour trouver la solution la plus rapide et la meilleure. Nous serons capables de dire combien de temps cela va prendre, combien cela va coûter et quelle sera l’empreinte environnementale.
Pourquoi ce projet est-il nécessaire ?
L’impulsion initiale est venue du côté de la défense. Presque tous ceux qui possèdent des missiles sont virtuellement capables de détruire des satellites. Il en va de même pour le piratage. Parallèlement, lorsqu’un satellite tombe en panne et n’est plus en mesure de communiquer ou de fonctionner correctement, nous l’abandonnons. Il y a donc de plus en plus de débris dans l’espace. Tous ces risques augmentent, c’est pourquoi le Fonds européen de défense a demandé aux industriels de mettre en place des projets pour réfléchir à ces problématiques.
Et le deuxième projet ?
Le second projet s’appelle SAT (pour Satellites Au-dessus de vos Têtes). Il s’agit en quelque sorte d’un contrepoint à l’autre projet. Il s’intéresse à ce qui existe et à la manière dont nous pourrions l’utiliser pour compenser les capacités que nous avons perdues. L’idée est de cartographier tout ce qui existe aujourd’hui, de faire le point pour savoir précisément ce que chaque satellite peut faire en cas de besoin.
Qu’avez-vous appris de ces projets ? Avez-vous acquis de nouvelles compétences ?
Une chose importante que j’ai apprise, c’est qu’il faut vraiment tout prendre en compte, intégrer tous les paramètres d’une mission, et ce dès la phase de conception. Il faut avoir cette vision d’ensemble pour pouvoir décider des hypothèses que l’on peut émettre. En termes de compétences, nos connaissances en tant que stagiaires étaient très théoriques. Nous avons développé divers scripts Python optimisés et des feuilles Excel dédiées pour automatiser et comprendre tout ce que nous avions appris en classe – comment l’avons-nous fait concrètement ? Nous avons eu la chance d’être assistés par des consultants ALTEN qui ont une grande expertise, chacun dans leur domaine. Cette expérience nous a fait découvrir le monde de l’innovation, de nombreux partenaires industriels et de l’ingénierie transversale. C’est un voyage qui nous a ouvert les yeux au-delà de nos connaissances théoriques.